Il y a quelques jours, quand je suis rentrée du boulot et que j’ai introduit la clé dans la serrure de la porte de la maison, j’ai tout de suite pressenti que quelque chose n’allait pas. Que les habitudes avaient été bousculées. Un silence assourdissant me cueillit, immédiatement suivi par un pleur lointain. Le chat manqua de me faire tomber dès que j’ouvris la porte et fila à toute vitesse dans le jardin voisin. D’habitude, dès que je tourne la clé, j’entends mes filles piailler joyeusement pour venir m’accueillir et me faire un câlin. Mais ce jour-là, rien de tout cela. J’ouvre la porte, et je trouve un papa en colère. Et deux petites filles punies.
Il y a des retours du boulot plus faciles que d’autres, plus agréables que d’autres. Je ne le savais pas encore, mais mon sas de décompression – le trajet en train – avait été bien nécessaire ce jour-là. Devant mes yeux interrogateurs, PapaGirls m’explique la situation.
Depuis qu’elles sont rentrées de l’école, la Prem’s et la Deuz se disputent sans cesse. Pour des bêtises.
L’une veut un jouet que l’autre vient de prendre. Et vice-versa. Il a dû intervenir une fois, deux fois. La troisième fois, elles en sont venues aux mains et il a puni. Dans son regard, je lis le ras-le-bol. Dans celui des filles, chacune punie dans 2 pièces différentes, je vois la tristesse et la colère.
Difficile de trouver ma place dans une situation comme celle-là ! Je n’ai pas assisté aux disputes. Je ne suis pas non plus celle qui a puni.
Il y a deux règles d’or dans l’éducation que nous donnons à nos filles, PapaGirls et moi : ne pas se contredire devant elles (si on n’est pas d’accord, on en discute ailleurs ou à un autre moment) et « celui qui punit est celui qui explique et lève la punition ».
Concernant sa décision de les punir (chacune dans une pièce, pas de livre, pas de jouet, pas de TV, pas de musique, le silence pour réfléchir), je ne la remettais pas en cause.
Mais là, je sentais qu’avec la fatigue accumulée après 2 nuits de travail, multipliée par le passage à l’heure d’été qui tape sur les nerfs de tout le monde, PapaGirls voulait que je prenne le relais pour calmer le jeu et amener les Girls à se poser les bonnes questions, ce qui était compréhensible.
Il n’avait plus la force ni le discernement nécessaire pour les aider à réfléchir à la situation. En quelque sorte, je suis arrivée au mauvais moment, mais aussi au moment où il avait et elles avaient le plus besoin de moi.
Alors je me suis assise à côté de l’une et à côté de l’autre, à tour de rôle. Et on a parlé longtemps.
Je leur ai demandé ce qui s’était passé. Pourquoi je rentrais à la maison et je trouvais un papa en colère et 2 petites filles en pleurs… La Prem’s – plus sensible – a mis du temps à pouvoir expliquer pourquoi elle s’était disputée avec sa sœur. La Deuz – plus jeune et surtout plus espiègle – faisait la tête de celle-qui-ne-comprend-pas-mais-en-fait-comprend-très-bien-et-doit-juste-aller-faire-pipi-je-peux-y-aller-s’il-te-plaît-Maman.
Au final, j’ai surtout voulu les faire parler, qu’elles puissent toutes les deux mettre des mots sur la situation, ce qu’elles en pensaient et comment on pourrait l’arranger. PapaGirls nous a rejointes. Cela a pris un certain temps sur notre début de soirée, mais l’une comme l’autre ont reconnu, chacune avec ses mots, que c’était trop nul et trop bête de rendre leur papa fâché en se disputant pour des bêtises. Que ça les rendait tristes. Que c’était précieux d’avoir une sœur. Des mots et des conclusions qu’elles ont tirées seules.
Pourquoi je vous raconte ça ?
Pas pour vous montrer que je suis une maman parfaite, ce serait un énorme mensonge. Comme tout parent, on fait ce qu’on peut, pas toujours ce qu’on veut. Et je vais même vous donner un scoop : on fait des erreurs, tous les jours. Heureusement, on en arrive rarement à une situation comme celle-là. Et même quand c’est le cas, je n’ai pas toujours la force ou l’envie de réagir comme je l’ai fait.
Mais parce qu’à ce moment précis, j’étais heureuse et fière de mes filles et de la manière dont on a géré la situation, tous les 4.
Parce qu’il n’y a pas de petite victoire dans l’éducation, fût-elle approximative (coucou Quatre enfants !).
Parce que ça peut paraître banal ou anodin, mais que ce sont des situations quotidiennes qui nous font grandir autant que nos enfants. Et que j’y repenserai à la prochaine dispute.
Et surtout, parce que je me fiche de savoir si c’est de l’éducation dite « bienveillante », ceci ou cela… c’est juste un moment imparfait dans une famille comme les autres, qui s’est transformé en un moment où on a tous appris les uns des autres. Alors rien que pour ça, j’avais envie d’en laisser une trace.
Non seulement tu as été la maman parfaite pour gérer cette situation mais je dirais surtout que VOUS avez la famille parfaite à ce moment là. Alors bravo à tous les 4 !
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Je comprends ta fierté et ta satisfaction après ce debriefing constructif et réussi ! Bravo à vous 4 😊
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Je crois que vous avez formé une formidable équipe de parents sur ce coup là, un très beau moment finalement 🙂
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C’est amusant (ou logique) nous avons les mêmes règles.
Passer le relai quand il faut est important, c’est un luxe des familles avec 2 parents.
Merci d’avoir partagé cette tranche de vie qui nous rappelle qu’on a tous des situations critiques
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